top of page

Parcours et projet

Les années passent,  mes rencontres confirment mon impression que l’emploi se désagrège, qu’il est de plus en plus morcelé en petits contrats et missions et qu’il est de plus en plus difficile de s’orienter dans une société qui change beaucoup et évolue sans cesse. Mai 2015

Projet professionnel et personnel

 

Il ne se passe pas une journée sans que les questions d’emploi soient abordées dans l’actualité. Au fil des ans, j’ai le sentiment que le discours ne change pas vraiment, il est nécessaire de mieux accompagner, l’accompagnement change d’ailleurs de nom, il est dit global, renforcé, guidé, ou encore suivi. Si le nom  change, les personnes qui accompagnent et les outils d’accompagnement ne changent guère. Dans les médias, il est aussi souvent question de reprise ou de croissance attendue, certains disent qu’il faut plus de flexibilité dans l’emploi, d’autres qu’il faut adapter les compétences et l'employabilité des salariés aux besoins des bassins d'emploi. Les années passent,  mes rencontres confirment mon impression que l’emploi se désagrège, qu’il est de plus en plus morcelé en petits contrats et missions et qu’il est de plus en plus difficile de s’orienter dans une société qui change beaucoup et évolue sans cesse.

 

Les questions relatives à l’emploi et la formation me passionnent, j’ai choisi d’'accompagner les personnes en recherche d'emploi il y a 20 ans.  Cadres ou ouvriers, jeunes et moins jeunes, en ville ou à la campagne, j'ai pris l'habitude de dire que je recevais des salariés entre deux contrats de travail. C'est une façon de rappeler que les « chômeurs » ne sont que des personnes ordinaires, contrairement à la réputation que leur a parfois faite notre société. J'ai pris conscience assez vite de l'importance du chômage parfois sous-estimé. Curieusement alors que le chômage était minimisé, alors qu'il s'agissait d'une maladie rare que les victimes et leur famille cachaient, alors qu'il s'agissait d'un sujet tabou dont personne ne parlait, je revenais de chez mon dentiste avec le CV de son fils, de ma banquière avec le CV de son mari, de chez une copine avec le CV de son père...c'était en 1995, il y a tout juste 20 ans. La France détenait alors le triste record du plus grand nombre de jeunes diplômés au chômage dans l'Europe de cette époque. Depuis, j'ai pris l'habitude de considérer le public de chercheurs d'emploi, et notamment celui d'une grosse agence Pôle Emploi, un peu comme une reproduction en miniature de notre société, avec des proportions un peu près similaires.

 

Pourquoi choisir de travailler à l’ANPE ? Probablement en raison de mon abandon scolaire, j’ai été assez tôt sensibilisé aux questions d’orientation professionnelle. A la fin de ma classe de première j’interromps le lycée et mon année de service militaire me permet  de me confronter à d'autres parcours de vie.  Je prends la mesure de l'importance des études que je décide de poursuivre en préparant une capacité en droit à l'université de Paris 10.   En parallèle à la reprise de ces études et jusqu’à la maîtrise de droit, je développe une expérience de l’accompagnement des enfants et adolescents durant une dizaine d'années au moyen d'activités culturelles et sportives à Paris puis à Issy-les-Moulineaux. J'ai également suivi les cours de l'Institut de Préparation à l'Administration Générale de Nanterre puis quelques années plus tard, reçu aux examens écrits de la préparation de l’École Nationale d'Administration, j'ai suivi les cours de l'Institut de gestion publique et du développement économique (IGPDE). Cette formation me conduit également à m’intéresser à l’histoire du droit et notamment dans l’Antiquité à l’organisation de la démocratie athénienne. Cela contribue à forger mon intérêt pour l’interaction et la relation entre les individus et le groupe.

 

Ma première collaboration professionnelle avec la ville d’Issy-les-Moulineaux, les ministères de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse et des Sports est riche d’enseignements, elle est valorisante, je reçois des mains du maire, Monsieur André Santini, le trophée de la ville et suis par ailleurs invité par l’Inspecteur Départemental de l’Éducation Nationale à m’intéresser à la fonction d’instituteur suppléant avec la perspective d’être titularisé. Je choisi cependant de poursuivre mes études puis je décide de privilégier l’accompagnement d’adultes. Ma petite dizaine d’années passées dans l’accompagnement d’enfants fût une source importante d’apprentissages réciproques et d’épanouissement, j’éprouvais cependant le sentiment que j’avais désormais moins à recevoir et moins à donner, il était temps que je change de public.

 

Mon parcours à l’ANPE, AFPA puis à Pôle Emploi est jalonné de découvertes et d'expérimentations, d'actions d'accompagnements individuels et collectifs qui m'ont permis de tester des idées, d’imaginer  et d'envisager des solutions dans le domaine de l'orientation et de l'insertion professionnelle. Nous sommes nombreux à accompagner mais sans toujours suivre un modèle particulier. Les bons professionnels trouvent leurs ressources plus dans l'expérience et dans leurs qualités personnelles et humaines pourtant cela ne semble plus suffisant aujourd’hui.  L'évolution de notre société est trop rapide, le marché du travail change très vite et, au delà de notre savoir et des référentiels des métiers,  l'orientation professionnelle ne peut se réaliser sans une prise en compte sérieuse des évolutions des emplois et du marché du travail. Par ailleurs, les professionnels de l'accompagnement semblent unanimes à reconnaître qu'il n'existe pas suffisamment d'interactions entre le monde de l'étude et le monde du travail. Il existe peu de rencontres sous forme d'échanges et de discussions qui pourraient être des occasions de confronter des expériences, des idées et des avis, notamment entre les plus jeunes et les plus anciens.

 

Il y a dix ans, à l’occasion d’une collaboration un peu expérimentale entre l’ANPE et L’Afpa, j’ai élaboré un programme de plusieurs actions qui en s’enchaînant constituent une solution pour capter l’attention et susciter des vocations notamment dans les métiers qui connaissent des difficultés de recrutement. J’ai bien entendu soutenu et défendu ce projet que  je vous présente dans la deuxième partie de ma VAE. J’évolue cependant dans un grand établissement,  mon cadre professionnel est très délimité,  l’innovation et la création ne peuvent pas toujours être valorisées. Je me souviens entendre ma responsable des ressources humaines me répondre : “s’il y avait quelque chose d’important à découvrir dans ce domaine de l’orientation quelqu’un d’autre que vous  l’aurai déjà découvert”. J’ai donc placé ce projet de côté, disposé à l’oublier, un peu quand même par la force des choses.

Dans les années qui vont suivre je vais être plus particulièrement chargé de l’accompagnement des cadres en recherche d’emploi et notamment de ceux qui possèdent le plus de difficulté à retrouver un emploi : les seniors. Je vais progressivement prendre la mesure d’un paradoxe extraordinaire.

 

En 2011, la France comptait 3,1 millions de PME, soit 99,8 % des entreprises dont 2,9 millions emploient moins de 10 salariés, un salarié sur cinq travaille dans une TPE/TPI.  Je réalise alors que bien que très nombreuses, les petites entreprises manquent cruellement d’organisation, de moyens, de compétences, de capacité de recul et d’analyse sur leur activité dans un environnement ou tout change vite et constamment. Au moment de ce constat, je me situe dans l’accompagnement  de cadres expérimentés dans un peu tous les domaines, dans un peu tous les métiers. Leur expertise est devenue trop coûteuse pour les TPE-TPI et leur recherche d’emploi très difficile. Dix années après avoir élaboré un programme pour susciter des vocations, pour contribuer au développement de l’orientation professionnelle, j’élabore un nouveau programme de réorientation qui va prendre une nouvelle fois  la forme de plusieurs actions qui en s’enchaînant pourrait bien constituer une solution au chômage des seniors.

 

Cette deuxième expérience me décide à réaliser une VAE afin de me permettre de mener un projet de recherche sur le thème de l’orientation professionnelle, pour approfondir, valoriser,  faire reconnaître et partager cette approche qui résulte de mes vingt années d’expériences dans l’accompagnement, dans la rencontre, l’écoute et l’échange. Je n’ai pas encore eu l’occasion de rechercher un directeur de thèse, j’ignore si mon activité professionnelle me permettra de réaliser facilement une expérimentation que je programme sur plusieurs années. Je sais cependant, qu’aux difficultés d'orientation des plus jeunes, sont venues s'ajouter les difficultés de réorientation des moins jeunes dans un contexte de mutation importante du marché du travail qui à considérablement changé selon la localisation géographique et le développement de nouveaux secteurs d'activité. J’ai  le sentiment que dans ce domaine, beaucoup reste à découvrir.

​

Introduction extraite de la VAE présentée en juin 2015 à l'université François Rabelais de Tours pour le MASTER 2 Ingénierie et Fonctions d'Accompagnement en Formation.

​

Stéphane Gavriloff, réalisé en mai 2015.

bottom of page