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Exposé master  II I.F.A.C

Exposé de recherche (2016-2017)| 01 Accompagnement collectif et réorientation professionnelle.
Contribution à l'étude d'espaces de délibérations autour de la recherche d'emploi et la création d'entreprise.
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Project | 01

"C’est l’association des deux organisations qui me semble constituer une illustration de cette idée « d’intelligence collective » que Dewey exprime dans sa théorie de l’action collective."
Exposé de recherche (soutenu le 2 octobre 2017 à l'université François Rabelais de Tours)
| 01 Accompagnement collectif et réorientation professionnelle.
Contribution à l'étude d'espaces de délibérations autour de la recherche d'emploi et la création d'entreprise.
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Dans l'approche collective des problématiques de la recherche d’emploi, Il s’agit de responsabiliser la personne en recherche d’emploi afin qu’elle devienne plus acteur de sa reprise d’emploi. Il s’agit de mettre en place des actions qui vont conduire le chercheur d’emploi à considérer l’accompagnateur de Pôle Emploi comme un moyen d’accès à l’emploi et non comme une solution. Dans la pratique le demandeur d’emploi est souvent dans l’attente d’une solution concrète. Il souhaite presque que l’on signe pour lui et à sa place le contrat de travail.

Pourquoi une approche collective, parce que le besoin d’information est important, le marché du travail se développe désormais différemment selon le lieu géographique et la recherche d‘emploi doit pouvoir s’appuyer sur une analyse locale du marché du travail alors que dans les médias, dans les institutions chargées de l’accompagnement, le marché du travail est souvent abordé de façon globale et nationale.

La création d’un marché local d’informations et d’échanges et pourquoi pas de mises en relation directes en faveur de l'embauche, un lieu de rencontres, pourrait constituer une solution. Il s’agit de trouver un lieu, une sorte de bourse du travail ou une demi-journée par mois alterneraient discours sur le marché du travail et échanges.

Pourquoi une prestation collective d'accompagnement de la réorientation professionnelle des seniors ?

Les expériences de Milgram démontrent que l’on oublie l’aspect humain de la relation et que la soumission à l’autorité peut-être nuisible tant du point de vue du chercheur d’emploi, trop passif dans ses démarches et dans l’attente de solutions externes, que du point de vue de l’accompagnateur qui évolue dans un cadre imposé par sa hiérarchie mais pas toujours adapté à l’établissement de la confiance nécessaire pour rendre utile l’accompagnement. Un cadre de travail autoritaire, comprenant des convocations répétées avec mention de menace de sanction (cessation d’inscription), un mode de rencontre imposé notamment en réunion et peu personnalisé, des solutions et des prestations pas toujours adaptées aux véritables besoins du chercheur d’emploi mais obligatoires (participation à des ateliers sur la réalisation du CV) peuvent nuirent à la réflexivité, à la confiance, et à l’entretien avec le conseiller.

Le second point d’amélioration résulte de notre culture qui valorise l’internalité. C’est donc bien à cause de Pôle Emploi que je trouve pas d’emploi et non pas à cause de moi. La solution pourrait être d’inverser cette tendance en proposant des actions collectives d’échanges entre les personnes en recherche d’emploi. Cela suppose d’animer, de savoir susciter l’envie puis de pouvoir conduire les échanges dans le respect de chacun. Ce type d’action ne peut être réalisé sous la contrainte et résulte du volontariat. Il est nécessaire que des groupes d’échanges s’ouvrent pour ceux qui en manifestent le besoin et l’envie. Alors des solutions pourront naître au sein de ces rencontres, riches en avis et informations, mais ou chacun se forgera ou choisira son opinion.

Finalement l’approche de transition de carrière devrait résulter d’une approche pluri-disciplinaire. Il s’agit de confronter les personnes en recherche d’emploi pour qu’elles trouvent elles-mêmes leurs pistes de solutions.

Introduction pour le mémoire MASTER 2 IFAC (2017)

Introduction 

 

Il ne se passe pas une journée sans que les questions d’emploi soient abordées dans l’actualité. Au fil des ans, j’ai le sentiment que le discours ne change pas vraiment, il est nécessaire de mieux accompagner, l’accompagnement change d’ailleurs de nom, il est dit global, renforcé, guidé, ou encore suivi. Si le nom change, les personnes qui accompagnent les outils d’accompagnement et la manière d’accompagner (en entretien individuel) ne changent guère.

Pourtant, au cours des 23 dernières années passées dans l’accompagnement des personnes dans leurs recherches d’orientation professionnelle, de formation et d’emploi, deux expériences m’ont particulièrement interrogé. Il s’agit de deux expérimentations dans lesquelles j’ai imaginé et mis en œuvre un accompagnement sous une forme collective. Cette modalité d’accompagnement n’est pas ordinaire car l’accompagnement aujourd’hui, dans le domaine de l’orientation professionnelle est essentiellement réalisé sous une forme individuelle au moyen de l’entretien entre deux personnes. Les actions d’accompagnement du projet professionnel peuvent parfois proposer des séances en groupe mais avec peu d’interactivité. Dans le domaine de l’accompagnement à la recherche d’un emploi ou encore dans le domaine de l’orientation professionnelle, l’accompagnement résulte plus d’une analyse, on regarde dans le passé du chercheur d’emploi pour y trouver des informations, des explications, puis on propose des listes de métiers. (Annexe n°1). L’orientation professionnelle, telle qu’elle existe, avec une approche analytique n’a-t-elle pas montré ses limites ?

Il existe peu de rencontres sous forme d’échanges et de discussions qui pourraient être des occasions de confronter des expériences, des idées et des avis, notamment entre les plus jeunes et les plus anciens.

Mon sujet de recherche est relatif à l’étude des effets des interactions qui se produisent dans la cadre de séances d’accompagnement collectif de personnes en recherche d’emploi ou en transition professionnelle. Le sens et le nombre des interactions produisent-ils un effet qui transforme la manière de voir et amplifie le résultat ? L’accompagnement en groupe est-elle une opportunité de voirune situation sous un autre angle et surtout de l’appréhender de façon plus objective, ce qu’un regard unique ne permet pas obligatoirement ?

Mon regard s’arrête sur deux expérimentations caractérisées par un accompagnement collectif des questions d’orientation professionnelle (I. L’accompagnement collectif des questions d’orientation professionnelle).

Mais doit-on apprendre des autres ou bien apprendre par nous-mêmes grâce aux autres ? L’exploration du concept d’apprentissage conduit inévitablement vers celui de l’accompagnement et puisque dans mon expérimentation, sa qualité principale est d’être collectif, ces deux premiers concepts nous orientent vers les concepts de coopération et de collaboration (II.)

Si le développement d’un accompagnement collectif, selon l’approche systémique, peut contribuer à soutenir la construction de projets professionnels, alors cela doit-être vérifiable. La discussion en groupe permet-elle un apprentissage différent, plus adapté au contexte sociétal ? Et si oui selon quel mode ? Comment et quelles conditions faut-il respecter ? La conférence d’échanges est-elle une application de l’idée « d’intelligence collective » ? (III)

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Conclusion

 

Synthèse des observations

 

La conférence mensuelle de travail que j’anime depuis plusieurs années avec des personnes en recherche d’emploi, est une modalité d’accompagnement en collectif. Elle informe, facilite des choix et accompagne les projets de réorientation professionnelle de ses participants. En raison de la typologie des participants, souvent âgés de plus de cinquante ans et de l’évolution du marché du travail, 90% des entreprises possèdent moins de dix salariés, ces projets se situent principalement dans la création et la reprise d’entreprise.

Ma question de départ porte sur l’accompagnement collectif, est-il bien adapté pour faciliter la réalisation de ces projets ? J’ai choisi de poser la question à l’occasion de la réunion que j’ai organisé en janvier 2017. Sans évoquer le caractère collectif de l’accompagnement, sans informer préalablement les participants,  j’ai souhaité avoir l’avis d’une douzaine de personnes à propos de l’orientation professionnelle. Avec leur accord j’ai filmé puis retranscrit les échanges de façon anonyme.

A la lecture de la retranscription, j’ai identifié et isolé les informations, les mots employés, qui évoquent l’orientation ou la réorientation professionnelle. Je les ai classé selon leur typologie, les échanges peuvent être déclaratifs et informatifs, produire des interactions, être des réponses ou des justifications ou encore établir des liens entre l’individu et son environnement (entreprises, institutions, écoles). Le sujet du débat est  devenu un problème social dans un contexte où les mutations, les évolutions du marché du travail sont accélérées et font perdre les repères.

L’accompagnement collectif des questions de réorientation professionnelle constitue un moyen d’échanger et de confronter des opinions qui trouvent à s’exprimer  à propos des problématiques personnelles rencontrées par les participants.

Pour Michel, le stage de fin d’études apparaît avoir été déterminant pour la suite de la carrière professionnelle, notamment dans les grands groupes ou l’évolution est possible en changeant d’emploi. Le choix d’un stage lors de la formation initiale peut parfois influencer toute une carrière, toute une vie. Il existe cependant et désormais des transitions « aujourd’hui on ne peut plus faire ça, mais il existe les formations professionnelles ». Il apparaît également que beaucoup de jeunes semblent ne pas très bien savoir quoi faire, il existe parfois une pression sociale et familiale, l’orientation professionnelle est dite complexe. « On choisit un an et demi avant le brevet ce que l’on fait après la troisième ». Les filières sont spécialisées trop tôt: « elle est tombée dans une seconde littéraire alors qu’elle veut aller en S ». « Elle est dans la mauvaise seconde », « on demande aux gamins et à leurs parents de choisir des branches et c’est vrai que ces branches sont conditionnantes ». On essaie de faire entrer l’individu dans des cases « il est dans des cases ». Cependant tous les intervenants ne sont pas parfaitement d’accord. « Le choix initial ne conditionne pas toute la vie, c’est absolument faux ». L’orientation professionnelle relève-t-elle des enseignants qui évaluent et influencent vers la spécialisation et le domaine d’études? Pour d’autres « on veut nous imposer une trajectoire, il y a un paradigme dominant et on enferme nos jeunes dans cette dominance », il y a pourtant des outils. On s’interroge, peut-être y a-t-il eu un paradigme dominant, peut-être est-ce un effet de la société de consommation, peut-être y a-t-il eu des castes et des réseaux qui facilitent le recrutement. Mais il en est probablement différemment aujourd’hui du fait des mutations sociales et du travail. « Il y a un tiers de jeunes qui savent ce qu’ils veulent faire ». « Si la famille est proche et peut aider c’est capital ».  « Ce qui est important c’est le niveau d’études atteint. C’est difficile de savoir ce que l’on veut faire lorsqu’on est préadolescent ». « Nous avons de nombreux exemples de réorientation dans notre groupe, la réorientation c’est difficile mais c’est possible ». « Ce n’est pas simple et la réorientation, c’est un parcours semé d’embûches ». « Il y a des filières qui mettent en place des choses pour aider à s’orienter, il y a le tissu associatif, il y a aussi le bilan de compétences, il y a beaucoup de changements dans les métiers ».

 

Ce que j’analyse

 

L’orientation professionnelle nous interroge tous, c’est complexe, cela l’était déjà il y a trente ans, cela l’est un peu plus aujourd’hui en raison de la réorientation qui constitue un problème supplémentaire. Les parents jouent un rôle important pour encourager, diriger, orienter leurs enfants, à condition qu’ils soient présents. Notre société est pleine de blessures, de divorces et de périodes de chômage, de plaies qu’il faut penser mais de plaies de sujets blessés qui ne peuvent pas toujours être en capacité d’accompagner à leur tour, leurs enfants. Et même s’ils peuvent accompagner, sommes-nous sûrs que notre influence n’aboutit pas à diriger vers des métiers qui nous semblent intéressants mais qui ne correspondent peut-être pas aux envies et aux aptitudes de ceux pour lesquels nous choisissons. Nous, parents, en influençant le choix professionnel, avons-nous contribué à accompagner vers la passion et l’épanouissement professionnel?

Eric conclue la conférence ainsi : « je pense que dans les échanges qu'il y a comme ça entre nous il y a une chose qui peut être intéressante, qui est intéressante, c'est que chacun à une expérience, chacun fait part de ses éventuels projets et dans les éventuels projets cela peut-être le démarrage d'une piste pour la personne qui écoute le projet de l'autre et on l'a vu d'ailleurs dans le groupe, des gens qui ont piqué une piste d'un projet d'un autre pour faire quelque chose de différent ».

 

Le débat à permis de vérifier qu’il existe un consensus entre les douze participants à propos de l’analyse des difficultés rencontrées dans la réorientation et l’orientation professionnelle. Si les avis peuvent être différents au début de la rencontre, un ajustement se réalise après l’expression d’avis parfois contraires, parfois complémentaires. L’expérience racontée entre pairs de la recherche d’emploi constitue une source d’informations issues des parcours professionnels. C’est un premier intérêt du débat. La qualité de pair constitue probablement un élément qui facilite l’écoute et valorise les points de vue. Plus les participants sont nombreux, plus les expériences sont variées et différentes. Elles donnent à réfléchir car elles sont proches d’une réalité vécue et inspirent le respect. Le groupe interagit sans même l’intervention de l’animateur,  les avis sont discutés, modérés. L’individu se fait sa propre opinion, identifie des pistes de solution, des idées et surtout relativise ses difficultés. C’est un autre intérêt du débat qui contribue à renforcer la confiance et qui place le participant dans une situation active.

 

Les préconisations

 

L’approche en groupe est-elle une possibilité de voir une situation sous un autre angle et surtout de l’appréhender de façon plus objective, ce qu’un regard unique ne permet pas obligatoirement ?

 

Dans la situation interlocutive de l’accompagnement et des ruses dialogiques, à propos de Quelques réflexions autour du paradigme du dialogue, Noël Denoyel pose la question : « Qui assure la formation permanente des artisans depuis la nuit des temps ? Les apprentis bien sûr, pourrait-on répondre sur le ton de la boutade ; car le dialogue tutoral qui s’instaure entre le maître et l’apprenti permet à l’artisan de désincorporer ses propres savoir-faire et ses acquis expérientiels, en les verbalisant et en accompagnant l’apprenti dans la maîtrise des gestes du métier ».

À l’occasion de ce mémoire et de ma recherche je me suis retrouvé en situation de me poser la même question, en lien avec mon activité professionnelle : Qui assure la formation permanente des conseillers de  l’emploi ?  Les demandeurs d’emploi bien sûr !

Ce que des chercheurs d’emploi apportent à leur conseiller en charge de l’accompagnement peut être apporté à d’autres chercheurs d’emploi. Noël Denoyel rappelle que cette intelligence du contexte et de l’interaction développée par chacun se trouve renforcée à deux, le dialogue permet de voir davantage. Imaginez à douze participants, ou plus, l’effet que peut produire l’interaction !

 

Pourquoi un besoin d’interactions ? Depuis une dizaine d’années, les seniors sont venus grossir, avec une constance inquiétante, le nombre des demandeurs d’emploi. Cette évolution découle directement de l’évolution du tissu économique et industriel de la France qui a considérablement changé. Nous nous situons dans un changement social, une période qui achève sa transition. La crise qui depuis 30 ans a vu se multiplier les délocalisations et l’apparition d’Internet a profondément modifié la société et le monde du travail. L’essentiel de la production nationale est désormais réalisé par les TPE TPI, PME et PMI, les capacités de rémunération ne sont pas les mêmes que celles proposées par les grandes compagnies. La problématique de gestion des parcours professionnels conduit à imaginer et conceptualiser une autre manière d’aborder la relation au travail au moyen d’un accompagnement dont l’opérationnalité implique une prise en compte de ces nouvelles données.

Notre marché du travail se transforme, la nature de l’offre et de la demande de travail change en faveur d’une plus grande polyvalence professionnelle qui va s’exercer dans des entreprises de taille plus petite. Au-delà de cette évolution du marché du travail à très grande vitesse, lorsque l’on observe les cartes interactives démographiques de notre pays sur le site Internet de l’Institut national d’études démographiques, on peut remarquer deux caractéristiques.

La population se concentre dans certains départements au détriment d’autres. Au fil des ans, la concentration s’accroît. La variation des populations par département peut désormais être très importante et augmente lorsque l’on se rapproche des côtes de l’océan. L’âge moyen de la population augmente.

Il existe, selon la situation géographique, des disparités très fortes sur le marché du travail, de l’emploi.  Elles résultent de la capacité des habitants d’un lieu déterminé à consommer des biens et des services. Cette capacité est qualitative, il s’agit de l’âge moyen du consommateur qui induit une prédisposition à consommer certains produits et services, (assurance, soins et santé, domotique, besoin de sécurité). Cette capacité est quantitative, puisque le volume de la consommation des individus varie selon la population et la situation géographique.

Ces transformations du marché du travail influencent l’orientation et la réorientation professionnelle qui se trouvent complexifiées par une évolution accélérée des métiers et des emplois. En quelques années, les boutiques de vente et de location de cassettes vidéo ont été remplacées par d’autres boutiques de vente de logiciels et de programmes informatiques, elles-mêmes remplacées par l’achat en ligne et par le téléchargement sur le réseau Internet. L’actualité de l’information économique dispensée de façon globale, nationale et internationale, n’est plus parfaitement adaptée à la détermination de choix pour satisfaire des besoins qui présentent des spécificités locales très contrastées d’un département à un autre.

Comment mieux informer afin de favoriser l’adaptation du marché du travail à la contingence dans le développement local ?

Les conférences de travail que j’anime depuis quelques années à Pôle Emploi peuvent être un moyen de transférer les connaissances notamment entre chercheurs d’emploi confrontés à une problématique particulière, mais également entre ceux qui possèdent de l’expérience vers ceux qui en possèdent beaucoup moins.

On peut estimer que les jeunes sont plus efficaces lorsque des salariés expérimentés sont présents pour les former. Le transfert des connaissances est un enjeu majeur de management pour les entreprises. Si les seniors représentent un véritable levier de croissance pour notre économie, la France se classe seulement à la 24e place (sur les 34 pays de l’OCDE) en matière d’emploi des plus de 55 ans (Source : « Dans l’administration, on est senior à partir de 50 ans », PwC, ACPE, Le Monde, Selon la dernière étude « PwC Golden Age Index : how well are OECD economies adapting to an older workforce ? », Insee, France Info TV, OCDE, Institut Montaigne).

 

Il serait intéressant que Pôle emploi crée deux niveaux de rencontres et d’échanges qui correspondent à deux approches différentes et complémentaires.

Le premier niveau de rencontre, c’est celui qui a été réalisé à l’Afpa au début des années 2000 (une démarche qui me paraît relever du constructivisme et inspirée de la théorie de l’apprentissage de Jean Wiliam Fritz Piaget que je  présente dans mon portfolio). Il s’agit d’une réunion comprenant peu d’interactivité, mais beaucoup d’informations qui vont faciliter la réflexion. C’est un moment où les individus vont faire connaissance, c’est un stade qui précède la confiance et qui est riche en données, en informations sur le marché du travail. C’est une étape consacrée à la valorisation des services et des moyens, en faveur du soutien dans la recherche d’emploi et des accompagnements proposés par Pôle emploi. Il s’agit par exemple d’informer à propos du conseil en évolution professionnelle (CEP), de la validation des acquis de l’expérience (VAE), des dispositifs de formation, de l’excellent dispositif de période de mise en situation (PMSP) ou encore de l’action de formation préalable au recrutement (AFPR) etc.

Le second niveau de rencontre, c’est celui que j’ai réalisé au Pôle emploi de Tours à partir des années 2010, une dizaine d’années plus tard. C’est l’action que j’organise actuellement sous la forme d’une réunion mensuelle d’échanges. C’est un moment qui se veut être plus interactif, une conférence à propos du marché du travail, dans laquelle les intervenants se connaissent et se comportent tels des experts qui peuvent progresser grâce à l’appui de l’autre (il s’agit d’une démarche inspirée de celle du penseur Lev Semionovitch Vygotski  et qui valorise l’analyse systémique présentée dans mon portfolio).

C’est l’association, la réunion des deux niveaux d’organisation qui en se suivant et en s’enchaînant vont permettre la production d’une analyse intéressante sur la complexité du monde du travail et son évolution. Ce regard discuté et partagé permet d’identifier des pistes, des solutions plus facilement et plus rapidement que celles qui pourraient être identifiées par un individu seul, même accompagné d’un spécialiste de l’orientation professionnelle. C’est l’association des deux organisations qui me semble constituer une illustration de cette idée « d’intelligence collective » que Dewey exprime dans sa théorie de l’action collective.

Le conseil en évolution professionnelle dispensé par Pôle emploi, peut être l’instrument qui va contribuer à la réussite de ce programme. Il est une occasion de réaliser ou de mettre à jour un diagnostic, en entretien individuel, afin de prescrire l’action collective la plus adaptée à la situation personnelle du chercheur d’emploi. Il s’agit d’utiliser en premier lieu une approche et une démarche soit plus informative qui va faciliter la réflexion, soit de prescrire directement une approche plus interactive qui va favoriser la progression grâce à l’appui des autres chercheurs d’emploi.

L’individu se situera soit au cœur du processus d’apprentissage en situation d’écoute d’une information à propos du marché local du travail, qu’il assimile pour pouvoir s’y accommoder (Piaget). Puis, comme Vygotsky qui insiste sur le contexte social et met l’accent sur les effets de l’interaction sociale, le chercheur d’emploi sera placé dans la construction et l’élaboration des savoirs à propos du marché du travail et de ses évolutions. Il s’agira de la construction du savoir (celui qui apporte des pistes de solution), mais avec les autres.

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Notre transition sociale est brutale et rapide. Le nombre de personnes à accompagner est important et il existe un fort besoin d’accompagnement dans un contexte où les mutations, les évolutions du marché du travail sont accélérées et font perdre les repères. Il existe un besoin d’informations locales pour faciliter la réalisation d’un diagnostic qui va permettre de retrouver ou de créer une activité professionnelle adaptée à son environnement.

En conclusion, je vous propose trois citations extraites de la conférence :  « Nous avons de nombreux exemples de réorientation dans notre groupe, la réorientation c’est difficile mais c’est possible » (Brigitte), « Il y a des filières qui mettent en place des choses pour aider à s’orienter, il y a le tissu associatif, il y a aussi le bilan de compétences, il y a beaucoup de changements dans les métiers » (Patrick), « je pense que dans les échanges qu'il y a comme ça entre nous il y a une chose qui peut être intéressante, qui est intéressante, c'est que chacun à une expérience, chacun fait part de ses éventuels projets et dans les éventuels projets cela peut-être le démarrage d'une piste pour la personne qui écoute le projet de l'autre et on l'a vu d'ailleurs dans le groupe, des gens qui ont piqué une piste d'un projet d'un autre pour faire quelque chose de différent » (Eric).

 

L’accompagnement collectif se développe, il responsabilise et contribue à développer l’autonomie. Si son développement peut être assuré, alors il convient de procéder par étapes ou paliers.  Tous les individus ne développent pas la même envie pour l’échange en groupe et la contrainte est un frein à la libre discussion. Il faut accompagner, encourager et préparer les individus. Pour y réussir, il y a un peu comme une sorte d’embrayage à mettre en place, une sorte de mécanisme qui va permettre un accouplement progressif de l’individu au groupe. Le conseil en évolution professionnelle  de Pôle Emploi ?

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Stéphane Gavriloff juillet 2017.

Au delà du mémoire de recherche de MASTER 2, pourquoi un projet de thèse à propos de l'approche systémique

Mon mémoire de MASTER se limite à la réorientation professionnelle des seniors en recherche d'emploi, il s'agit de formaliser et d'étudier une pratique de plusieurs années afin de démontrer l'utilité de la démarche. Il sera cependant nécessaire d'élargir et d'approfondir le travail de recherche et de recenser les différentes pratiques qui ont pu se développer à Pôle Emploi ou au sein des structures spécialisées dans l'accompagnement à la recherche d'emploi.

Il faudra créer les prestations, en réaliser l’ingénierie,   mettre en oeuvre, tester et évaluer, puis faire un choix de maintenir la conduite de l'accompagnement par Pôle Emploi ou de la confier à un sous-traitant ou partenaire.

La complexité réside dans l'utilité de créer deux types de prestations différentes et complémentaires, correspondantes à celles décrites dans ma Validation des Acquis d'Expérience et qui font l'objet de la recherche du mémoire de MASTER 2 I.F.A.C. Ingénierie et Fonctions d'Accompagnement en formation : une action d'information collective avec une approche constructiviste, une conférence d'échange et d'analyse avec l'approche systémique.

A l'occasion d'un travail plus approfondi comme celui qui peut-être réalisé lors d'un travail de thèse de doctorat, il s'agira de dépasser le stade de la réorientation professionnelle afin de réfléchir à la mise en place de l'approche systémique dans la formation initiale et pourquoi pas dès le collège. Désormais ce n'est plus les conseillers eux-mêmes qui viendront parler des métiers et des emplois mais les professionnels de tous les métiers à l'occasion de leur recherche d'emploi !

Le conseiller restera l'expert qu'il est aujourd'hui grâce à sa pratique répétée de l'entretien d'accompagnement et son expertise fondée sur l'expérience. Les conseillers de Pôle Emploi ou des Missions Locales sont donc bien positionnés pour apporter une expertise généraliste, en lien direct avec l'embauche et les évolutions du marché du travail. Ils sont également placés de façon à pourvoir identifier facilement les profils des professionnels volontaires et aptes à contribuer au développement de la motivation des élèves et des étudiants. 

 

Stéphane Gavriloff le 6 janvier 2017.

Project | 02

Projet de thèse de doctorat | 02 L'approche systémique de l'orientation professionnelle dans la formation intiale et la réorientation professionnelle.
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Projet.

L'approche collective, des questions d'orientation professionnelle, John Dewey dirait "l'intelligence collective" car pour lui  l'intelligence n'est pas individuelle. Pour l'auteur "l'intelligence collective"  désigne « de formidables méthodes d’observation, d’expérimentation, de réflexion et de raisonnement qui sont en constante évolution » La méthode de l’intelligence collective consiste en une expérimentation qui n’est pleinement réalisée que dans le partage et la communication.

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https://www.rencontresetechangesprofessionnels.fr/

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